SAÍDA DO EURO – UM TEXTO DE JACQUES MAZIER – VERSÃO FRANCESA – III

Selecção de Júlio Marques Mota

Le futur de l’euro

Juin 2013

Jacques Mazier

(CONTINUAÇÃO)

Les politiques alternatives

Les politiques alternatives ont déjà été débattues à de multiples reprises, même si elles ne constituent pas un tout complètement bouclé[1]. Face à la crise aigüe actuelle, il faut tracer une stratégie de croissance au niveau européen au lieu de s’enfermer dans des politiques d’austérité. Un ensemble de mesures d’encadrement des marchés financiers doivent être prises pour sortir des errements des années 1990-2000[2]. Les difficultés objectives que posent la coordination des politiques économiques et l’idée de « gouvernement économique européen » doivent être reconnues. Enfin une réponse doit être apportée aux problèmes des pays du Sud de l’Europe les plus affectés par la surévaluation de leurs monnaies et confrontés à des déséquilibres qui demeureront profonds.

La stratégie de croissance européenne doit d’abord mobiliser le potentiel de croissance existant dans les pays bénéficiant d’une monnaie sous-évaluée et d’un moindre endettement public, dont l’Allemagne au premier rang, en particulier par des hausses de salaires à court terme. Ceci implique aussi l’acceptation par l’Allemagne d’un taux d’inflation plus élevé pour éviter de faire peser le nécessaire ajustement des taux de change réels sur la seule déflation dans les pays du Sud de l’Europe. Au niveau de l’ensemble de l’Europe la croissance doit être relancée par de grands programmes dans les investissements d’avenir, éducation, recherche, infrastructures pour le développement durable, mais aussi rénovation des banlieues. L’assainissement des finances publiques passera par les surplus résultant de la reprise, mais aussi par un relèvement de la fiscalité qui remettra en cause les allégements considérables accordés depuis les années 1990 aux revenus du capital et des catégories sociales les plus favorisées.

Un Plan européen, réhabilitant l’intervention publique en liaison avec le secteur privé, doit être élaboré pour définir les programmes d’investissement d’avenir. Ceux-ci seront financés, en partie, par un grand emprunt au niveau européen (les euro-obligations) et par des crédits accordés par une BEI au statut élargi et refinancés par la Banque Centrale Européenne. Mais il faut aller au-delà en mobilisant et en coordonnant les ressources nationales.

La coordination des politiques économiques et le « gouvernement économique européen » se heurtent aux intérêts nationaux et au fait que l’essentiel des enjeux politiques et sociaux relèvent des espaces nationaux. Depuis plus de vingt ans coordination et « gouvernement économique européen » ont donné lieu à beaucoup de vœux pieux et à de nombreux travaux académiques sans portée. En pratique, la coordination est d’une trop grande complexité institutionnelle pour pouvoir être mise en œuvre efficacement. Elle l’est encore plus lorsque l’on veut coordonner aussi les politiques salariales. Mieux vaut le reconnaitre. Le « gouvernement économique européen » pourrait avoir une certaine efficacité en tant qu’instrument de surveillance et de contrôle budgétaire, comme le serait le ministère des finances suggéré par l’ancien président de la BCE. Mais le contrôle aveugle des soldes budgétaires ne constitue en rien la politique économique de croissance dont la zone euro a besoin. De fait le « gouvernement économique européen » ne peut s’exercer qu’à travers des institutions explicitement fédérales. Il ne sert à rien de continuer à attendre le salut d’une mythique coordination européenne.

D’où deux scénarios envisageables, selon que l’on s’engage vers une montée en régime progressive d’un budget européen modéré (à hauteur de 5% du PIB de la zone) qui permettrait d’introduire à la fois des mécanismes de stabilisation à travers un système d’assurance budgétaire et de financer des politiques structurelles européennes ou que l’on y renonce, en raison de la faible crédibilité politique d’un telle perspective fédérale. Ce deuxième scénario conduit à retenir une Europe à plusieurs vitesses reposant sur un régime monétaire où des monnaies nationales sont réintroduites, en étant articulées ou non avec un euro externe. C’est lui qui sera développé ici[3].

(continua)

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[1] Voir par exemple les travaux de l’Euromemo Group qui publient depuis 1996 un manifeste sur les politiques économiques alternatives eu Europe!

[2] Cette question, bien qu’essentielle, n’est pas développée dans ce chapitre.

[3] Le scénario fédéral est présenté dans un autre chapitre de l’ouvrage.

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Para ler a parte II, publicada ontem, ver:

http://aviagemdosargonautas.net/2013/08/11/saida-do-euro-um-texto-de-jacques-mazier-versao-francesa-ii/

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